Chambre à soi - Juin 2025
Laisser murmurer plus fort ses ambitions | Episodes diffusés et favoris
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J'ai installé chez moi un véritable bureau. Un vrai de vrai. Une pièce à part, dédiée au travail exécuté derrière un ordinateur. Une table qui s’actionne pour permettre de travailler debout. Un tas de câbles bien ordonnés pour relier deux écrans à une station sédentaire. Certes, une chaise ergonomique digne de ce nom fait encore défaut, ce que ne manquent pas de souligner malicieusement les gens que j’aime, mais bon, cela ne saurait tarder.
A l’heure de l’après-covid, il n'y a vraiment rien de très étonnant à avoir un bureau chez soi. Mais ce bureau n'a pas été conçu pour mon emploi à plein temps. Non, il a été fourni et payé par l’entreprise que j'ai créée, à la sueur de mon front et de mes petites mains. Et je ne vous cache pas qu'il en dénote une saveur autrement plus fine.
Certains ont un établi de bricolage, d’autres une cuisine toute équipée, un atelier pour exprimer une ferveur artistique ou, pourquoi pas, un jardin pour abriter les escapades et boutures végétales.
Dans mon charmant deux pièces, le salon a disparu pour devenir une chambre à coucher gigantesque et la chambre s’est métamorphosée en bureau. En acceptant de me séparer de la grande table de salle à manger, de faire mes adieux à l'imposant canapé, de partir désormais du principe que pour recevoir, il faudrait le faire à l'allemande, en se retrouvant au restaurant - ou en s’asseyant sur le tapis, j'ai finalement laissé murmurer un peu plus fort des envies que je ne m'étais jusqu’alors pas permises. Parce que ben voyons, qui privilégierait un bureau à un bel espace de vie conviviale ?
Depuis quelques mois que j’ai effectué ces changements, j’ai saisi à quel point avoir un lieu physique dans lequel je puisse exercer une pratique à laquelle j'avais décidé de donner plus d'importance avait un impact dans le fait d’incarner quelque chose ; la tentative de faire une différence, d’aller au bout de ses idées, de se donner les moyens de ses ambitions.
Il va sans dire que Virginia Woolf avait déjà formulé cette idée de chambre à soi. Un espace pour réfléchir et se construire. L'idée ici est d'accepter de donner un peu plus de coffre à ses ambitions, aussi incongrues qu’elles puissent paraître aux autres. Et admettre que ce qui nous plaît vraiment ne correspond pas forcément à l'idée que nous nous en étions fait.
Ce n’est pourtant pas faute d'avoir des souvenirs d’enfance très précis à empiler les briques de légo pour mimer des ordinateurs sur lesquels je collais des post-it avec des gribouillis. Rien ne me fascinait plus qu'un clavier et qu’une souris, et tout ce qui semblait jaillir de cet écran noir aussi mystérieux qu’inaccessible.
Roman Frayssinet a illustré dans un sketch hilarant sur les fantasmes sexuels, comment, par un concours de circonstances, nous étions parfois amenés à réaliser que notre Nirvana, aussi surprenant qu'il puisse être, découlait d’une combinaison d'excentricités sur lesquelles nous n'avions pas la moindre emprise.
Vous avez l’habitude de mes parallèles curieux, mais n'empêche, en amour comme au travail et dans tant d’autres aspects de la vie, nous ne pouvons que constater que nous apprenons et découvrons chemin faisant, ce qui au fond de nous résonne le plus en harmonie avec le monde. Et que la vie semble prendre un délicieux plaisir à nous confronter à nos incertitudes.
Dans son livre explorant la clé de notre énergie, Natacha Calestrémé reprend les cinq blessures capitales, formulées par Lise Bourbeau. Chacun(e) d’entre nous serait amener à en expérimenter deux ou trois de manière prépondérante au cours de son existence :
Abandon : redoute la solitude, porte le masque du dépendant, recherche sans cesse l’attention, l’appui et la présence des autres ;
Humiliation : a peur d’être rabaissé ou jugé, porte le masque du masochiste, se dévoue excessivement, se culpabilise et nie pour plaire ;
Injustice : adopte une position de perfectionniste, froide et exigeante, porte le masque du rigide pour ne pas montrer sa sensibilité ;
Rejet : se sent indigne d’exister, porte le masque du fuyant pour disparaître et éviter la confrontation ;
Trahison : éprouve des difficultés à faire confiance, porte le masque du contrôlant et tente de tout maîtriser pour éviter d’être trahi.
J’ai remarqué que souvent, dans le fossé entre cet état qui nous fait envie et l'action qui nous permettrait de nous en approcher, se trouve à peine tapie, l'une de ces blessures qui nous fait tant trépigner.
Une alchimie aussi contradictoire qu’évidente semble à l’œuvre pour nous pousser à nous connaître en expérimentant des situations inconfortables.
Que ferais-je si je n’avais pas peur ? Si personne ne regardait ?
Il va de soi qu'embrasser des changements de vie ne se fait pas nécessairement ni du jour au lendemain ni de manière absolue. Une rumeur de fond joliment exprimée par une personne proposant des formations de boulange à temps partiel :
Ces derniers temps se développe une tendance dans le monde de la boulangerie. Ce n’est pas un temps plein, ce n’est pas 4:00 du matin, ce n’est pas un chaos de farine. C’est un side-project qui ne prendra pas toute votre vie.
Dans le monde aussi mouvant qu'instable dans lequel nous évoluons actuellement, cela fait quelques décennies que nous grandissons avec l'idée que nous n'aurons pas d'unique employeur pour l'ensemble de notre carrière. Qu'il nous faudra travailler, économiser et investir, dans la perspective peu réjouissante d'un système de retraite à bout de souffle, où chacun(e) aurait à assurer individuellement sa pérennité.
Mais si nous poussons la réflexion à son paroxysme, nous pourrions morceler nos quotidiens en plusieurs moments d'occupation. Ce qui aura toujours tendance à surprendre les sceptiques observateurs extérieurs, excessivement généreux à jauger la quantité d'énergie et l'implication temporelle nécessaires à entreprendre et mener à bien ces changements.
En organisant son quotidien en blocs complémentaires de ce qui nous plaît réellement, nous ajustons les rouages d'une machine qui se nourrit d’elle-même, permettant d’accéder à des ressources insoupçonnées.
Ce que j'aimerais que les gens retiennent de notre échange, c'est que ce qui est cool sur le papier ou cool pour les autres, ne l'est peut-être pas pour toi. Qu'il faut chercher son cool à soi.
Ainsi l'écrit Marina Ramain, en réponse à mes questions de préparation du podcast.
Dans notre échange, Marina raconte l'accompagnement dont elle a bénéficié au cours de sa reconversion professionnelle. La méthodologie d'ikigai lui ayant permis de mettre le doigt sur ce qui lui plaisait, à l’intersection entre :
ce qu'elle aime faire ;
ce dans quoi elle est bonne ;
ce pour quoi elle peut être payée ;
ce dont le monde a besoin.
Il y a quelque chose désarçonnant de simplicité dans cette equation si bien formulée entre soi et la société, tout en tenant compte de son modèle économique. Et comme le révèle la plupart des interviews que j'ai effectuées, ce sont souvent des cheminements de long terme qui permettent "la bascule".
Un premier pas vers une attention à ce que nous aimons faire serait peut-être de rendre tangible une zone que nous délimitons pour agir. Un endroit dédié pour vivre la passion du moment, et qu'importe qu'il s'agisse du projet de toute une vie, d'une saison ou d’un coup d'essai.
Je pense qu'il y a beaucoup de grandeur et de joie à s'offrir un espace pour soi et pour ses projets, à se faire une place dans le monde.
A bientôt,
Gabrielle
Mentionnés :
Il va de soi que je me suis procurée l’ensemble de mon électronique en reconditionné chez BackMarket.
Plutôt que de faire des ordinateurs en lego, je vous recommande le détour par leur impressionnante sélection pour adultes.
Une chambre à soi (1929) de Virginia Woolf
A défaut de retrouver le sketch susmentionné, je vous encourage à prêter une oreille à la superbe interview de Roman Frayssinet au micro du Goût de M.
La clé de notre énergie (2024) de Natacha Calestrémé
Les 5 blessures qui empêchent d'être soi-même (2013) de Lise Bourbeau
La vidéo de micro bakery girl
Le questionnaire de participation au podcast
#76 berlindetoi avec Marina Ramain
🗣️ Les épisodes de berlindetoi diffusés en juin 2025


[🇫🇷#76] Du marketing au design d'intérieur, trouver son cool à soi avec Marina Ramain
Pour combien de temps décidons-nous de quitter la terre qui nous a vu naître ? A quel moment choisissons-nous de ne plus rentrer ? Quand embrassons-nous la bascule, donnons une chance à cette voie qui nous tend les bras, décidons de créer son cool à soi ? ☀️
Dans cet épisode, Marina raconte son installation en Allemagne, ses 10 années de marketing dans le solaire et comment de remises en question en reconversion professionnelle, elle a créé son studio de design d'intérieur Atelier Ramain.
Avec humour et sensibilité, Marina nous partage ses prises de conscience, sa vision du design et l'énergie retrouvée à faire les choses pour soi-même. Un parcours sans plan, à l'instinct, dessiné une étape après l'autre 🌅
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[🇨🇭#75] Rester concentré sur ce qu’il reste à faire, avec l’auteur de bande dessinées Alex Baladi
J'ai découvert le travail d'Alex Baladi au BookClub de bandes dessinées du Grenier à Bulles (#25 avec Claire) à Berlin. Auteur de 77 ouvrages, plusieurs centaines de fanzines et autres créations plastiques, Alex Baladi est une figure incontournable de la bande dessinée indépendante, où il trace une trajectoire singulière depuis plus de trente ans 🛸
Dans cet épisode, il revient sur ses débuts, sa passion pour les genres (du western à la science-fiction en passant par le space opera) et son attachement à un format libre, engagé, artisanal. Bourses de création, vente d’originaux ou encore de son travail de dessinateur de presse, plongée dans les coulisses du quotidien d'auteur de bandes dessinées, d’un storyboard à l’élaboration d’un livre 🎯💭
Alex partage aussi sa vision du rôle de l’éditeur, entre prises de risques éditoriales, relectures exigeantes et complicité artistique ainsi que la place de la BD dans le monde aujourd’hui.
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💽 Rediffusions
Je me suis souvent interrogée sur le bien-fondé de la rediffusion d'épisodes de podcast ; une bonne opportunité de gagner en visibilité et de gonfler ses statistiques.
Mais à l'occasion de retrouvailles avec Wolfgang Hennen, plus de deux ans après notre premier enregistrement, je me suis rendue compte que c’était l'opportunité pour celles et ceux qui ne l'avaient pas écouté de le redécouvrir. Et une bonne chose en entraînant une autre, voici la sélection estivale :
[REDIFF 🇫🇷#28] "Toucher le réel, c’est là que ça devient passionnant", l’art de changer sans se perdre avec Wolfgang Hennen
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[REDIFF 🇫🇷#62] "C’est souvent après coup qu’on comprend qu’on a bâti quelque chose." construire en avançant avec Emilie Crétien
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Bonnes écoutes !
✨ Favoris de juin 2025
Légumes qui parlent, sac de sport transporté d’un bout à l’autre de la salle, poignées de porte invisible, peinture en live … le tout avec une active et hilarante participation du public, en français et en allemand ! J'ai assisté à la présentation de la shortlist 2025 du prix franco-allemand pour la littérature de jeunesse, superbement animée par Sophia (#44). Des préjugés aux premières menstruations, la découverte de l’amour, l’enfermement, la disparition, la maladie ou encore la mort, une sélection brillante de justesse pour inviter adolescents et adultes à la lecture, à découvrir par ici.
Enfin ! Farah (#31) propose à la vente ses créations colorées et graphiques sous forme de prints. Des formats variés, avec ou sans cadre et une livraison internationale. Mes coups de coeur : Eden, Mispel et Tigresa.
Aurélia (#17) m’a invité à écouter Sacha Hladiy jouer en live à l’occasion de la sortie de son nouvel album. Sachez que je ne suis pas une grande investigatrice des sons, mais j’ai été bouleversée par la beauté de ses compositions. Entre méditation et ballade, des histoires chuchotées du bout des doigts.
Fin d’année dernière, je me suis offert un superbe projecteur. Il a patiemment attendu l’arrivée de ma soeur mi-juin pour être testé (& validé !). J'arrive après la bataille, mais nous avons visionné Bref 2 sur Disney +. Sensible dans les émotions, brillant dans sa construction et jouissif dans son montage, la série mérite tous les éloges qui lui sont faits. Et tant qu'à avoir souscrit à un nouvel abonnement, nous nous sommes régalées de l'excellent Elemental.
Nous avons été au Flohmarkt du Mauerpark avec une mission bien précise en tête : trouver des poignées de porte pour ma commode un peu tristoune. Rondes, pentagonales ou encore hexagonales, de toutes couleurs, il y a matière à réfléchir et à composer. Opération réussie à 12€ pour un résultat plein de charme.
J'ai découvert à proximité de Frea Bakery (Mitte), le mignon Café Schröder. Rue peu passante et terrasse sublime en plein soleil, idéal pour lire et paresser.
Vous le savez, je fais partie du génial Book Club de bandes dessinées animé par Claire (#25) de la librairie du Grenier à Bulles. J’ai dévoré notre dernière lecture : Le Dieu vagabond de Fabrizio Dori. Les dessins sont envoûtants, l’histoire est captivante et pleine de sensibilité, une pépite !
Après avoir un peu peiné à finir le pourtant passionant Mesopotomia (plongée au début du XIXe siècle dans le façonnage par les britanniques - incarnés Gertrude Bell et Lawrence d’Arabie, des frontières du Moyen Orient actuel), j’ai lu avec délice Laisse aller, c’est une valse de Delphine Plisson. Pour vous faire une idée du personnage, de son franc parlé et de son humanité, je vous recommande ses interventions chez Jessica Troisfontaine et Pauline Laigneau (hâte de l’entendre chez Matt).
Finalement, je vous recommande trois épisodes brillants chez Génération Do It Yourself : #474 avec Olivier Savran, détaillant la logistique derrière la livraison de plateau repas et une entreprise bâtie pierre par pierre, le hors série Red Bull avec Yoann Le Nevé, créateur du mythique festival Hellfest et #476 avec le chef multi-étoilé Yannick Alléno, entre destinée et coups du sort.
Et vous, quels ont été vos favoris de juin 2025 ?
Le code “berlindetoi “ vous donne 10% de réduction sur votre commande chez Anatae. Après le matcha cérémonie, le genmai aux saveurs de riz grillé nous a ébloui.
👀 Rdv en juillet 2025 ?
04.-06.07. : A l'occasion de l'Internationales Drehorgelfest, plus de 140 joueurs de orgues de Barbarie (!!) défileront sur le Kurfürstendamm.
12.07. : La parade techno Rave The Planet fera danser quelques 300 000 participants dans les rues berlinoises.
12.-13.07. : Le True Italian Pizza Street Festival donne rendez-vous dans le parc du Gleisdreieck pour servir des pizzas artisanales de tous styles.
18.-19.07. : Je garde un souvenir éblouissant de la Botanische Nacht à laquelle j’avais assistée il y a quelques années. Une visite nocturne au cœur des serres et allées fleuries du Jardin botanique, illuminé et métamorphosé. Une sortie géniale, à faire notamment en famille.
26.07. : La 47e CSD traversera le Tiergarten et Schöneberg avec chars, concerts, discours et festivités pour célèbrer la communauté LGBTQIA+.
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